Nous avions placé, il y a quelques semaines (cf article Alechinsky vs Raine), beaucoup d’espoir dans l’organisation d’une exposition Jean Raine au sein des collections XXe siècle du plus important musée lyonnais. Nous pensions que cet artiste polymorphe pourrait être valorisé grâce à une présentation ambitieuse de son travail plastique, propre à en démontrer les caractéristiques et la puissance spécifique qui s’en dégage.

Au final, l’exposition Jean Raine trouve sa principale justification dans le don de quelques pièces au musée, manière de rendre hommage aux donateurs, et de faire rentrer en écho ces dons avec ceux des œuvres de Max Schoendorff (président de l’URDLA) qui bénéficient d’un accrochage infiniment plus favorable dans l’espace d’expo dossier. Des choix spatiaux sont très critiquables, des zones sont illisibles, et surtout encore une fois, on se contente de montrer des peintures sans apporter de discours par la manière de les présenter. Nous sommes en droit de nous demander à quoi a servi le recrutement spécifique de personnes qui ne s’occupent que des expositions d’artistes contemporains ? Les grandes encres sont placées dans un espace étriqué, ce qui neutralise la force qui s’en dégage. Les panneaux de textes sont placés devant les œuvres et les lecteurs encombrent très vite l’espace. Des petites toiles colorées sont placées dans un couloir au dessus d’un très haut muret, avec une visée purement décorative... Ce qui ne colle pas tout à fait à l’esprit des travaux de Raine.

Exposer Jean Raine était une très bonne idée, mais se révèle dans les faits une tentative ratée. Car les enjeux de donations sont trop pesants et prenants. Car les moyens spatiaux et scientifiques ne sont pas au réunis au mieux. Car il s’agit de plus en plus de faire de la communication et pas un véritable travail d’historien de l’art. Les propos échangés lors du vernissage étaient en ce sens éloquents. Beaucoup de belles paroles, mais qui enrobent artificiellement une qualité d’exposition insuffisante.

Les visiteurs pourront donc privilégier l’exposition Schoendorff et s’arrêter en particulier devant l’immense lithographie de près de 200 x 300 cm, programme extraordinaire imprimé grâce à la maîtrise technique du Centre internationale de l’estampe de Villeurbanne (URDLA).

Gwilherm Perthuis