L’œuvre de Jean Raine exposée à Lyon

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Voilà cinq ans que la Galerie Henri Chartier a ouvert ses portes. Aussi fête-elle cet anniversaire en présentant une sélection d’œuvres importantes du peintre et dessinateur Jean Raine (1927-1986).
Artiste reconnu internationalement, membre du groupe Cobra, son œuvre est revisitée régulièrement depuis sa mort et de nombreuses institutions publique et privées possèdent plusieurs de ses œuvres dans leurs collection.
L’exposition réunit un ensemble de dessins à l’encre noire sur papier contrecollé sur carton et de peintures à l’acrylique sur papier marouflé sur toile. Comme ses amis du groupe Cobra, Jean Raine a travaillé presque essentiellement sur un support papier.
Jean Robert Geenen, alias Jean Raine, est né en Belgique en 1927. Attiré par les lettre et la poésie, il participe en tant que poète et cinéaste à l’aventure du groupe Cobra. Le Surréalisme l’intéresse après qu’il ait rencontré le peintre René Magritte à Bruxelles et le pape du Surréalisme, André Breton, à son arrivée à Paris. Ce dernier l’introduit dans les cercles avant-gardiste de l’époque. Il ne commence à dessiner et à peindre que lorsque es mots ne lui suffisent plus pour exprimer ses émotions. Ses oeuvres originales sont vite remarquées et, dès le début des année 60, des galeries bruxelloises et parisiennes commencent à les exposer ainsi qu’à San Francisco et à Los Angeles.

Prolifique de 1946 à la fin des années 70

L’homme est tourmenté mais son humour le pousse à jouer avec les mots et les personnages qui habitent certaines de ses peintures. Dès l’entrée dans la galerie, le visiteur est interpellé par une toile monumentale aux couleurs dominante de vert et de bleu : "Fin de Comédie" de 1971, qui a servi de décor pour une pièce de Samuel Beckett. A ses côtés, une trentaine d’œuvres, surtout des dessins à l’encre et quelques peintures ; illustrent ses années les plus créatrices, de 1946 à la fin des années 70. On remarque un tout petit collage de jeunesse sur le mur de droite en entrant. _ Déjà la orme y est stylisée et les couleurs sont franches.

L’œuvre de Jean Raine interpelle par son graphisme "décoiffant", tourmenté, et parfois brutal.

D’un trait énergique, Jean Raine dessine comme il peint des formes qui se perdent en arabesques échevelées ne laissant que peu de place au vide dont il a horreur ; ses couleurs posées en à plats sont cernées de noir, les motifs étant ainsi délimités. Dans la deuxième salle une autre grande peinture : "La vie mondaine" 1964, aux couleurs sombres rehaussées d’ocre. Les trois figures féminines aux grands yeux sont traitées avec humour, de profil, peu comme une frise étrusque. Un peu plus loin : Les peintures "Tête de bois" aux harmonies raffinées de vert pâle et de violet - " La mer à boire" - "Dahlia pour dame seule" - ainsi que des dessins : "L’ultime coup de frein"- "Je me souviens de toi"
L’œuvre de Jean Raine interpelle par son graphisme "décoiffant" et parfois brutal. Elle est attachante aussi car on ressent dans les peintures et les dessins la volonté de l’artiste de chasser les démons qui l’habitent et que l’alcool entretient. Une exposition très intéressante d’un grand peintre, cinéaste et poète trop tôt disparu.