Une nouvelle exposition Jean Raine, ce n’est pas de trop. A vrai dire, c’est plutôt un musée Jean Raine qu’il faudrait bâtir pour « payer son tribu à celui qui est assurément l’artiste le plus complexe et le plus important qui ait vécu et travaillé à Lyon dans le dernier demi-siècle, et qui a sans doute plus apporté qu’il n’en a reçu » (Patrice Béghain [1]). Ne faudrait-il pas un musée pour rendre compte de la frénétique activité de l’artiste et de la diversité de ses talents : poésie, cinéma expérimental, dessin et finalement peinture. Pour approcher ses histoires, ses migrations, ses cheminements, ses résonnances (la mouvance COBRA, les surréalistes), ses cycles, sa vie et sa mort même. Pour suivre sa maturation progressive parallèle à une « dévastation systématique » (J. J. Lerant). Pour comprendre sa personnalité avide de tout entreprendre, et l’œuvre singulière qu’il nous laisse, toujours au plus intime de ses angoisses existentielles et dans la permanente urgence de leur dépassement. Intimité et nécessité : les fondements de l’art vrai, celui qui nous parle et nous trouble.


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L’exposition de la Collection de la Praye présente une sélection d’œuvres emblématiques mais encore peu montrées, parmi lesquelles nous avons privilégié les expressions graphiques (dessins, encres), là où l’intimité et la nécessité de l’écriture se présentent dans leur évidente nudité charnelle. Elles correspondent à différentes époques de sa vie.

Jacques FABRY