Dans les années 70, alors qu’il préparait une exposition au Soleil dans la tête, Jean Raine s’installe chez nous, faubourg Saint Honoré et médite quelque mauvais coup, tant l’homme à la tête ardente, véhicule toujours avec lui des projets, des éclats et des danses initiatiques autour de la toile qu’il peint, car il peint en dansant, en virevoltant comme un oiseau de proie, dans les hauteurs du ciel, repérant une victime potentielle, s’apprête à foncer sur elle. C’est une peinture d’ardeur et de violence qui abandonne sur son parcours tâches et bavures qui font alors partis du concours général de l’oeuvre traduisant ce moment de passion, de violence, une victoire sur l’inertie des âmes et des corps.
On est loin des recherches méditées et conçues dans un but esthétique. Encore qu’elles posent le problème de l’esthétique. S’agit-il d’une construction élaborée, pensée, méditée, dominée, ou d’une sensation violente juste dominée pour ne pas choir dans le caniveau. Elle fait penser à ces courses automobiles (rallye) où la voiture déboule dans un chemin qu’elle creuse d’ornières, malaxe comme une matière vivante, inscrivant le seul circuit de sa conquête sur le sol, la signature de sa vitesse comme oeuvre d’art.