Je sais…j’y reviens chaque fois que l’occasion s’en présente parce que l’homme était attachant et son talent immense et parce que j’ai retrouvé sa trace après un long silence… juste pour apprendre qu’il venait de partir au paradis des peintres. Né à Schaerbeek, il s’est retrouvé rapidement à Woluwé où sa famille accueillit les premiers juifs allemands dès 1936. Après cette date, tout va se précipiter :la guerre puis sa rencontre avec les surréalistes, ses études à l’ULB et son déménagement vers Paris en 1946 où il est particulièrement actif dans la création de la cinémathèque (avec Langlois) et s’implique dans le cinéma avec Henri Storck et se lie d’une amitié sincère et durable avec Alechinsky. Lorsqu’il vient à Bruxelles, il loge chez Cobra dans la fameuse maison de la rue du Marais et puis les difficultés physiques s’installent, hospitalisé, il sort conforté dans son désir de peindre et avec Sanki, qui aujourd’hui encore défend son œuvre, il crée le Club Antonin Artaud et se laisse séduire par les cimaises de la Galerie Saint-Laurent dont le rôle fut considérable au sein de notre histoire de l’art. Dès lors Jean Raine vivra en peinture jusqu’à l’épuisement. Il a travaillé des formats qui font peur aujourd’hui, papiers marouflés sur toile, sujets enlevés au scalpel, tourments traduits en couleur qui sont des cris d’amour et de souffrance. De 1966 à 1968 aux Etats-Unis (Sans Francisco, Los Angeles) c’est le grand tourbillon dans lequel il est malaisé de le suivre tant il donne et se donne à la peinture. A partir de 1968, installé à Rochetaillée près de Lyon, il passe ses étés en Italie et entreprend encore une série de grands formats destinés à l’impression sur tissu mais le destin l’attend en juin 1986. La galerie Chartier de Lyon fait revivre son œuvre jusqu’au 19 avril tandis que le Musée de Lyon montre une quinzaine de toiles à l’occasion du don d’une grande encre intitulée « la proie de l’ombre ». Et on pense à ce qu’écrivait Bernard Lamarche Vadel (en 1987) : « Il y a une grande injustice à son endroit dans la mémoire contemporaine »
Anita NARDON
Jusqu’au 15/3 – galerie Quadri av.Marie-Henriette – 1190 Bruxelles (ven-sam.de 14h à 18h)
Du 6/3 au 19/4 -Galerie Henri Chartier, 42 rue Burdeau, 69000 Lyon- mer-sam de 13h à 20h
Du 8/3 au 9/6 - Musée de Lyon- tous les jours sauf mardi de 10h30 – 13h et 14h15-18h