Marc Carro : Il y a un cinéma de genres qui est en train de naître en France, mais je trouve que ses inspirations ne sont pas forcément françaises. Elles sont plutôt américaines ou italiennes avec le giallo. Alors que nous — et c’est peut-être ce qui a plu à l’étranger — on a notre vision très franchouillarde du cinéma (rires). Le genre de trucs que nous seuls pouvons faire. On retrouve cette périphérie chez Cocteau, mais aussi dans Les Yeux sans visage (Georges Franju, 1960), chez Tati et plein d’autres. Il y a une tradition du fantastique français, qui est issue de la pataphysique (science fictive des épiphénomènes, « des solutions imaginaires », inventée par le Français Alfred Jarry, ndlr). Il n’y a qu’ici qu’on peut le faire. Tout comme en Belgique, ils ont une tradition typiquement surréaliste avec René Magritte ou Jean Raine. Je trouve que c’est nécessaire de cultiver ces différences pour en faire autre chose. Par exemple, c’est quand même génial que les westerns spaghetti aient réussi à revendre du western aux Américains. Ensuite, il n’y a pas eu un western qui n’était pas pompé sur les Italiens.