Dates
Du vendredi 28 juin au samedi 14 septembre 2013
Vernissage le jeudi 27 juin 2013 à partir de 18 heures

Lieu
Galerie Michel Descours
Peintures et dessins
44 rue Auguste Comte
69002 Lyon
Tél. 04 72 56 75 97
Fax 04 72 41 90 67
www.peintures-descours.com

Contacts
Mehdi Korchane, Gwilherm Perthuis
mehdi.korchane chez galerie-descours.com
gwilherm.perthuis chez galerie-descours.com


la galerie Michel Descours présentera une exposition monographique de l’œuvre de Jean Raine (Bruxelles, 1927- Lyon, 1986). Réunissant une quarantaine de peintures et dessins, représentative des différentes séries et périodes, l’exposition permettra de se faire une idée précise et complète de la multiplicité des facettes de son univers esthétique et poétique. La galerie Michel Descours développe ainsi une nouvelle activité en faveur de la création du XXe siècle et amorce à long terme un travail de promotion, de diffusion, de médiation, et de commercialisation de l’œuvre de Jean Raine.

Une exposition monographique rétrospective

Après avoir consacré plus de trente années aux antiquités, aux objets d’art et aux livres d’art, Michel Descours a ouvert en décembre 2009 une galerie exclusivement centrée sur la peinture et le dessin (XVIIe au XXIe siècle). Dans un écrin parfaitement étudié (lumière, espace, ambiance...), nous organisons chaque année trois ou quatre expositions thématiques ou monographiques qui croisent les périodes, les écoles, les esthétiques et dont l’un des principaux objectifs est de stimuler le regard par des rapprochements inattendus.

Dans cette optique, nous sommes particulièrement attentifs à la création des 50 dernières années et nous envisageons d’entreprendre un travail de fond avec des artistes assimilés aux grands mouvements d’avant-garde de l’après guerre. L’exposition monographique consacrée à l’artiste d’origine belge Jean Raine, dont les débuts furent étroitement associés au mouvement CoBrA, s’inscrit dans cette démarche.

Une quarantaine d’acryliques, d’encres, de dessins, et de pastels représentatifs des différentes périodes (de 1946 à 1981) seront choisis parmi les œuvres provenant de la famille : certaines pièces ont été très rarement exposées ou demeurent inédites en France. Déployé dans les trois salles de la galerie (les deux salles principales et le cabinet de dessin), l’accrochage ne sera pas strictement chronologique, mais suivra un parti pris sensible et visuel. N’étant pas soumis à la rigueur scientifique et historique de l’institution muséale, nous proposerons une mise en espace des œuvres relativement libre, afin de créer des connexions entre plusieurs époques et d’établir des frictions formelles stimulantes et enrichissantes. Des premiers travaux fortement emprunts de l’esprit surréaliste, aux peintures foisonnantes et personnelles des années 1980, en passant par des pastels réalisés à quatre mains, des grandes encres des années 1960, les projets mêlant dessin et écriture, ou les peintures marquées par l’héritage de CoBrA, l’événement devrait permettre de faire émerger les principales préoccupations et la personnalité singulière de Jean Raine. La logique chronologique sera rétablie dans le catalogue édité par la galerie Michel Descours.


Jean Raine : quelques fragments d’un parcours

Né dans la banlieue de Bruxelles, Jean Raine a très tôt été en rapport avec les surréalistes belges, puis parisiens, des artistes ou des poètes dont l’une des principales qualités était de pouvoir passer facilement d’un médium à l’autre. Il reconnaîtra la référence au surréalisme comme une source intarissable pour nourrir sa démarche personnelle, tout en refusant que son œuvre soit enfermé dans un cadre rigide et stéréotypé. C’est d’ailleurs pour cette raison, que le mouvement CoBrA, très imprégné de surréalisme, auquel Jean Raine contribue par l’intermédiaire des expositions et de la revue éponyme, a décidé sa propre mort en 1951 après seulement trois ans d’existence : « nous n’avons pas voulu qu’il dure. Nous avons mis une fin brutale à ce mouvement pour qu’il ne dégénère pas en académisme. Mais nous savions très bien qu’il allait travailler en profondeur et continuer à inspirer, après sa fin officielle, de plus en plus d’artistes1 ».

Durant les années 1950, Jean Raine est avant tout impliqué dans des projets cinématographiques. Tout jeune, il travaille avec Henri Langlois à la Cinémathèque française et donne des conférences sur le pré-cinéma et sur le dessin animé. Ses collaborations sont multiples, de l’écriture de commentaires à la réalisation, en passant par le découpage ou l’organisation de festivals. La réalisation du documentaire sur le « Test du village » du docteur Pierre Mabille et la collaboration artistique pour le film de Lucas de Heusch sur René Magritte figurent certainement parmi ses plus importantes contributions dans ce domaine. En 1951, il est engagé dans l’organisation de la dernière exposition internationale CoBrA à Liège et dirige en parallèle le second Festival du film expérimental et abstrait qui présente pour la première fois en Europe Dreams that money can buy de Hans Richter, ainsi que l’œuvre de Norman Mc Laren. Jean Raine a d’ailleurs laissé une thèse inachevée sur le cinéma expérimental et abstrait, sujet inédit au milieu du XXe siècle.

Les arts plastiques envahissent progressivement son esprit au début des années 1960. Il commence à énormément peindre et dessiner, il amorce par exemple la série des grandes encres noires, tout en écrivant abondamment, il rédige le Journal d’un Délirium (1960), et réalise une centaine de peintures en utilisant du cirage, des colorants alimentaires, de l’encre, des crayons de couleur, et les fonds de tubes de peintures de Pierre Alechinsky... Proche de Marcel Broodthaers, qui était un grand admirateur de Magritte et de Mallarmé, Jean Raine contribue régulièrement à la revue Phantomas dirigée par Théodore Koenig : une publication remarquable qui fait le pont entre art et littérature, entre la Belgique et l’Italie, entre Dada, le Surréalisme et les artistes post- CoBrA...

Pendant deux ans (1966-1968), Jean Raine voyage aux États-Unis (principalement en Californie) et il expose à sept reprises dans des galeries et institutions de la région de Los Angeles. Il y retrouve la perception des couleurs (perdue après un coma éthylique en 1961) et amorce une série d’acryliques très colorées cernées de noir (la série américaine) dont un grand nombre d’exemples sont aujourd’hui conservés dans ces collections américaines.

En 1968, Jean Raine s’installe à Rochetaillée sur les bords de Saône, à une dizaine de kilomètres de Lyon, avec sa femme Sanky qui enseigne à l’Ecole internationale supérieure de cadre de santé. Il densifie progressivement la matière et recouvre complètement le support, allant jusqu’à des perspectives formées par des strates de peinture. Il creuse le tableau, emmène le spectateur dans un univers vibrant et profond, mais évite d’utiliser les empâtements. Au début des années 1970, il passe ses étés en Italie (Calice Ligure) et réalise en 1973 une série de pastels à quatre mains avec l’artiste italien Vincenzo Torcello (1944). En parallèle, la galerie l’Ollave (Lyon) a défendu plusieurs fois son œuvre jusqu’à sa mort en 1986, et a en particulier présenté les très grands formats qu’il a produit durant les toutes dernières années.

Catalogue d’exposition

Catalogue édité par la Galerie Michel Descours
Essais introductifs de Gwilherm Perthuis, historien de l’art (sur le parcours artistique) et de Patrick Laupin, écrivain (sur la poésie et la prose de Jean Raine).
64 pages, 45 illustrations en couleur
Conception graphique : Jérome Séjourné / Atelier Perluette
Impression : Chirat (Loire)
Tirage : 700 exemplaires
Catalogue à paraitre le 25 juin 2013.