JEAN RAINE
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En visitant l’exposition « Ensor et les avant-gardes de la mer », à Ostende, je suis tombé, c’est le cas de le dire, sur une grande peinture d’un Monsieur que je ne connaissais pas.

Banal, je n’en connais pas beaucoup.

J’étais venu voir les œuvres d’Ensor, et je tombais, donc, sur un grand tableau de Jean Raine.

broyeuse de tête à manivelle

Je trouvais que c’était mal éclairé, qu’il y avait trop de monde, trop d’œuvres, comme si les auteurs de l’exposition avaient voulu se livrer à une exploration encyclopédique d’un thème peut-être anecdotique.

Avec trop de très belles choses pour qu’il soit possible de les approcher vraiment, autrement qu’au travers du texte prédigéré d’un audioguide bavard. Et hop, au suivant, comme dirait Brel.

Mais je suis revenu, à contre-courant de la foule, pour revoir la « broyeuse de tête à manivelle », et j’aurais bien aimé y revenir encore et encore pour le revoir. Lorsque je repasserai par Ostende et par son Musée d’Art Moderne-sur-mer, bien sûr, j’y reviendrai. Mais c’est loin. En attendant, je me réfugie à la page 171 du catalogue, qui en livre une (mauvaise) représentation.

Et puis j’ai un peu fouillé. J’ai trouvé une richesse inouïe de recherches, de graphismes, de peintures, bien sûr, mais aussi de vidéos, de films, et de textes, comme celui-ci, extrait de projets écrits en vue d’une série d’émissions radiophoniques dédiées à la philosophie :

Le jour où l’homme est né à la philosophie la situation se présentait à peu de choses près comme suit : un immense appétit de connaître mais peu de connaissances capables de le satisfaire. La situation est de nos jours radicalement à l’opposé : la masse des connaissances est plus grande que le nombre de questions qu’un homme à lui seul est capable de poser. Nous finissons par apprendre sans avoir le temps de nous interroger. Nous trouvons sans chercher. Il faut, c’est là le plus urgent, retrouver le sens de la question, et réapprendre à poser la question de manière obstinée. Seule l’obstination mesure réellement l’appétit de connaître. Seule elle trempe le désir d’aboutir. Il faut savoir vivre, sans se hâter de répondre, avec une question dans le cœur…
« Il faut savoir vivre, sans se hâter de répondre, avec une question dans le cœur »…

On notera en passant, que c’est l’attitude exactement inverse de celle qu’adoptent tous les « politiques », gourous ou curés de la Terre, qui, eux, a priori, SAVENT.

Surréaliste, Cobra, animé, vivant, ce tableau au titre ubuesque m’est revenu en pleine poire (celle d’Eric Satie, sans doute) lorsque j’ai voulu « réveiller » la conscience d’un personnage perdu dans les limbes de la perte de soi. C’est pourquoi Arthur rêve « la broyeuse de tête à manivelle »…

Arthur. Seulement Arthur.